Pascal Prugna

[OSEF] Bosser pour un égocentrique pervers narcissique – Episode I

Mr. Burns

La série OSEF est une série d’articles où je parle librement et où je dis des trucs dont tout le monde se fout. Peut-être.

Disclaimer : ironiquement, je vais beaucoup parler de moi dans cet article. Je tiens à garder l’anonymat des personnes concernées pour les protéger d’une quelconque atteinte à leur réputation.

Spoiler alert : cette histoire commence il y a 4 ans et depuis tout ce que je vais vous raconter dans cette série d’articles, nous avons tous changé de boite et de patron.

À l’époque, j’étais livreur de sushis dans une entreprise bien connue. Je me formais sur le côté au développement Web parce que ça me passionne. Je commence à skiller pas trop mal, j’arrive à sortir des projets pour des amis, mon permis est tout frais et me permet de postuler un peu partout dans mon département : je me lances. Un jour, je fais le paris de postuler dans une entreprise pas très loins de chez moi pour me faire la main. Le lendemain, le patron de la boite en question m’appelle, me demande des infos sur mes compétences et finalement ça se passe bien. Le boss veut me voir en fin de semaine. Là c’est le moment où je commence à me poser des questions, j’ai peur de pas être à la hauteur, j’ai un doute sur mes compétences, bref faut que je m’envoie.

L’entretien

Je passe un entretien avec le boss, un gars volontaire et motivé venu avec sa conseillère en recrutement.
Au cours de l’entretien, le boss pose des questions pertinentes et m’indique ce qu’il veut faire pendant que sa conseillère n’a fait que me fixer etrangement pendant la majorité de l’entretien. Dans les indications qu’il me donne, il parle d’un CDI et du salaire : je serais payé environ 1400 les trois premiers mois puis 1600 les trois d’après puis 1800. Pas super emballant même pour un junior sans diplôme « mais c’est l’aventure » et « c’est ambiance start-up » me dit-on comme si c’était une compensation. Néanmoins, je réussi l’entretien et je revois le boss pas très longtemps après pour signer le contrat. Je me retrouve donc avec un contrat qui m’annonce 1 300 euros net/mois en CDD de 6 mois (?). Pour vous donner un ordre d’idée le salaire net d’un développeur Web Junior commence à 1800€ net/mois.

C’est toujours mieux que mon salaire de livreur, je serais presque payé le double de mon salaire net, allez je signe quand même. Je démissionne de chez Sushi Shop et je me jette à l’eau. Au passage, je signale que le fait de démissionner me coupe les droits au chômage mais au pire, même si ça se passe mal, j’aurais tafé 6 mois et le chômage sera renouvelé.

Le premier mois

Je commence le taf, on me fout le projet sous le nez, je fais un triple infarctus à cause du code procédural. C’est pas grave, mon rôle dans l’histoire c’est d’apporter l’orienté objet et rétablir l’ordre, la justice et l’équilibre dans la Force dans ce code qui générait des centaines d’années de dette technique. Le truc marche mais sûrement grâce à une intervention divine. Je chope les ID de connexion à MySQL dans le code et je vais voir la structure de la base de données et là c’est le drame. Jamais dans l’histoire, je n’ai vu pareil chose. Je suis allé voir deux trucs qui vont contre toutes les bonnes pratiques que j’ai apprises. Bref, ça rajoute du défi et une bonne façon de me forger.

Une fois que j’ai pris mes repères dans l’organisation globale de l’application, le boss me file le projet de refondre le backoffice de facturation. Je m’exécute mais déjà il y a un truc qui va pas. Le boss reste derrière mon épaule pour voir comment je code. Il commence à me donner des indications sur comment je dois faire et ce que je dois utiliser. Ça peut être contradictoire parce qu’à la base le cahier des charges de ce projet c’était un truc genre « DEMMERDE-TOI » et une deadline d’un mois et demi.
C’est pas grave, je regarde ce que fait le backoffice actuel et comment il le fait, je prends des notes, c’est la phase de conception, ça prend du temps mais c’est normal. A cette étape, il commence à m’expliquer que je perds du temps à prendre des notes et que je devrais coder direct. Les petits pics genre « Je te croyais plus rapide » commencent à fuser. On est à ma deuxième semaine de taf.

Le truc chiant c’est qu’on boss sur la table de salle à manger dans sa piaule et qu’il reste tout le temps avec nous (oui parce qu’il y a un autre dev qui est arrivé 9 mois avant moi qui succède lui-même à un autre dev qui s’est cassé) donc quand il est pas en train de nous micro-manager, il nous fait assister à ses conversations téléphonique sur haut-parleur.
Je comprends vite aussi que dans cette boite, on compte pas nos heures , que c’est pas rare de partir à 19h passé au lieu de 18 heures et que les bilans de journées se font vers 17h59. Il y a aussi ce que j’appelle les micro-deadlines : c’est des deadlines genre « ‘faut que tu fasses tel truc et qu’à 50 ce soit fini » et quand tu regardes l’heure, tu t’aperçois qu’il est 39.

Du sel et du piquant

Un samedi, on boss chez lui et un de ses « coachs » l’appelle. Il est juste en face de moi, ça parle de comment il se sent, de ses émotions, etc… Au bout d’un moment, j’entends la femme dire « Et ton nouvel employé là ? Il s’est enfin décidé à se mettre un coup de pied au derrière ? ». Je comprends vite qu’elle parle de moi et gêné, il lui répond que je suis en face de lui et qu’elle est sur haut-parleur. La gênance est extrême. Pour détendre l’atmosphère, je dis « Bonjour » timidement avec beaucoup de sarcasme. L’histoire se tasse et on en reparlera plus jamais.

On arrive à la fin de mon premier mois et un jour où je le sens plus crispé que d’habitude pour une raison inconnue, je fais mon taf et au bout d’un moment, il me dit de fermer mon laptop « pour parler ». On entame donc une discussion – ou plutôt un monologue – bien sâlé où il me dit ouvertement « Finalement, t’es peut-être fait pour être livreur de sushis ». Outre le fait qu’être livreur n’est pas un handicap et que, contrairement à ce qu’il a l’air de penser, c’est encore moins un handicap mental, ça me blesse parce que le gars est en train de parler de ma passion et insinue que je le fais mal. Ainsi commencent une période de réflexions blessantes et de nombreuses aventures qui mettront mon moral et ma motivation à rude épreuve.

Comme le titre peut le laisser penser, il s’agit du premier épisode et pour le moment je sais pas trop combien d’épisodes je vais faire. Tout ce que je peux vous dire c’est qu’il y a encore plus de croustillant dans les prochains articles.

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